Saveurs d'enfance
Hello,
J'ai eu la chance de voir hier une preuve tangible du printemps qui s'en vient à petits pas : des crocus multicolores. Petite émotion, oui, l'hiver a une fin, elle s'approche doucement par petites touches.
Le soleil est revenu et j'ai grand hâte de remiser le manteau au rang des objets obsolètes. Mais je sais qu'il nous faudra de la patience, l'hiver ne se déloge pas avec facilité.
Depuis que Cenwen m'a taguée pour le jeu "Saveurs d'enfance", j'ai longuement réfléchi à ce que pourrait être LA saveur de mon enfance.
Mon enfance s'est déroulée chez ma grand-mère, une Corse, une vraie de vrai, exilée sur "le continent" pour cause de travail.
La cuisine de ma grand-mère était simple, rustique et sans chichis.
Peu de pâtisseries mais une part belle aux légumes de saison.
Les deux légumes préférés de mon enfance étaient les courgettes et la laitue. J'aurais pu me nourrir que de ça, j'avais en sainte horreur les pâtes, le riz et la viande.
Le goût de la Corse nous venait directement du pays sous forme de colis odorants envoyés par la famille corse et comprenant invariablement :
- Du fromage à l'odeur envahissante qu'on dégustait par microbouchées tellement c'était fort
- Des cuccioles, petits biscuits à la texture dure mais dont le goût me transporte direct sur les rives de l'enfance et des plaisirs premiers
- Le figatelli, la saucisse de référence pour un Corse et qui fait l'objet de ce billet
Sans plus attendre, qu'est ce que c'est :
Voilà la bête.
Il s'agit d'une saucisse de porc dont l'ingrédient principal est le foie. C'est une saucisse fumée qui n'est pas destinée à une longue conservation. Elle se mange généralement grillée avec de la polenta de châtaignes ou avec du pain.
Ma grand-mère avait une méthode bien particulière pour le faire griller. Elle le faisait à la flamme du gaz de la cuisinière. Le morceau de saucisse était planté sur une fourchette, elle enlevait le diffuseur du brûleur de la cuisinière et hop, elle approchait tout doucement le morceau de la flamme. Elle avait préalablement fait griller du pain. Dés que la saucisse commencait à suinter du gras, elle la pressait contre le pain afin de recueillir tous les sucs. Et ce jusqu'à la fin de la cuisson.
On mangeait le figatelli entre deux tranches de ce pain chargé de jus.
C'était divin.
Le temps a passé et j'ai adapté la méthode sur un mode de cuisson légèrement plus sain. J'ai des gros doutes sur l'innocuité du mode de cuisson usité par ma grand-mère!
Alors en photos :
Je fais griller le figatelli sur la poêle à sec. Sans oublier de venir presser régulièrement le morceau sur le pain....
Tous les parfums de l'enfance......Le goût inimitable du figatelli, les souvenirs infatigables de ma mamie qui sentait la lavande et la poudre de riz, son indéfrisable et ses incroyables blouses kitch de femme d'intérieur (pour économiser ses robes :) ). Son accent à moitié corse à moitié provençal, sa cuisine toujours peinte en bleu turquoise (comme la salle de bains et les toilettes), son immense pudeur et son "Debout les morts!" le matin quand elle rentrait dans ma chambre pour me réveiller....
Merci Cenwen pour ce retour vers le passé!
Je fais suivre ce tag à Aurelvelvet de Relibou Kitchen si elle veut bien!